Longue distance (CD)

Vincent Dupas, c'est un parcours jonché de musique folk et ses dérivés (My Name Is Nobody, Serpentine), rock du plus savant au plus sauvage (Binidu avec le duo Pneu, Fordamage) ; autant de routes accidentées, d'insouciances, de perles et de déceptions... Longue Distance, le premier album du nantais, est une volonté de revenir à ce qui compte vraiment, à qui on est vraiment. La première chose qui frappe à l'écoute de ce premier opus est familière, presque évidente : c'est cette voix délicate comme armée d'une mélancolie lumineuse. Tour à tour intimiste, engagé, lyrique, rêveur et terre à terre, Dupas ne se recherche pas il se trouve. Si At The Corner Of The Ocean, L'Hiver, Balcony, De Si Haut ou Amusement Park sont riches, c'est grâce à leur mise en abyme, en timbres et en espace, les choeurs féminins emportent les refrains, les synthés sont aussi soyeux qu'inquiétants, les guitares libres et les accents électroniques donnent le tournis. Sur Mon Pays, véritable axe charnière de l'album, Vincent Dupas chante en duo avec Nona Marie (Dark Dark Dark), une berceuse aride et minimaliste. Après cette plongée en apnée, Boxer Le Vent est une fausse sucrerie matinée d'accents bossa évoquant notre impuissance à tous, dans l'ombre de Dominique A, période Auguri. Distance nous remet la tête à l'envers, envolées de fuzz et free-rock... Tout du long, la section rythmique est élastique et entraînante (Pierre Marolleau à la batterie et Hugo Allard le bassiste des Von Pariahs), les arrangements aussi justes que surprenants. Une production toute en nuance et en épaisseur.